• Un virus grippal aviaire peut parfois infecter d'autres espèces que des oiseaux, dont de nombreux mammifères, parmi les quels les chiens et chats.
    Ceci pose question, car l'Homme est aussi un mammifère, et il a de nombreux contacts rapprochés avec les chiens et chats.

    • On a noté dès 1918 que des porcs tombaient souvent malade en même temps que l'Homme, et avec des symptômes proches.
    • On a montré depuis que des chevaux, phoques, cétacés, félins, furets, souris peuvent aussi être infectés par des virus grippaux, qui ont tous une origine aviaires probable, ou qui en tous cas peuvent tous a priori infecter l'oiseau.
    • Concernant le H5N1 qui préoccupe les épidémiologues depuis 2003, il a indéniablement (de 1997 à 2006) largement étendu son éventail d'hôtes.
    • Les expériences de laboratoire et quelques cas avérés en Asie du Sud-Est ont montré que les chats domestiques et plusieurs félins peuvent être infectés par le H5N1, mortellement ou non (et il est probablement que le chat sauvages, le lynx ou le chat haret y soient aussi sensibles…).
    • A partir de 2005, l'éventualité d'un rôle de vecteur, ou de porteur asymptomatique, ou d'espèce secondaire dans la transmission paraît devoir être envisagée par les acteurs qui auront peut-être à gérer une pandémie.
    • Plusieurs rumeurs avaient fait état de chats morts conjointement à des volailles ou peu après, mais sans qu'il y ait eu de prèlèvements ni analyses. Fin février 2006 : un chat a été trouvé mort sur l'île balte de Rügen au Nord-Ouest de l'Allemagne, dans une zone où plus d'une centaine d'oiseaux morts du H5N1 ont également été trouvés.
    • Puis le 22 février 2006, dans le refuge pour animaux de l'"Arche de Noé", à Graz, dans le Sud de l'Autriche, trois chats sont détectés porteurs du virus H5N1. Ils faisaient partie d’un groupe d'environ 200 chats placés dans le refuge. Ils ont probablement été infectés suite à la réception dans ce refuge d’un cygne infecté par le H5N1 trouvé le 10 février 2006 à Mellach, dans la banlieue de Graz. Ce cygne avait aussi infecté quelques poules. Lundi 6 mars 2006 : l'Agence fédérale de sûreté alimentaire autrichienne (Ages) confirme que deux parmi trois chats ayant fourni des échantillons, infectés ont spontanément guéri. Le Mardi 07 mars 2006 une nouvelle analyse pratiquée sur un de ces chats a même été négative pour le H5N1 alors que les deux premières étaient positives selon le ministère autrichien de la Santé.
    • En Indonésie en Aout 2006, un nouveau virus semble avoir émergé, très dur et responsable de cas humains. Or ce virus (mi 2006) n'a pas été trouvé chez aucun animal sauvage, pas même chez la volaille morte dans les mêmes villages et au mêmes moments, mais uniquement chez un chat, vivant dans la maison d'une des personnes touchées.

    Lorsque les premiers félins ont été infectés en Europe, cela a surpris et inquiété une partie de l'opinion, suscitant des abandons et des milliers de questions aux autorités. L'infection de chats par la grippe a pu sembler « nouvelle », mais ne l'était pas. Des expériences avaient déjà montré que le virus pouvait passer de l'homme au chat et peut-être inversement.
    Par contre, mi-2006, si le virus A H5N1 HP ne touche qu'exceptionnellement l’Homme, sa prévalence rste très mal connue chez les mammifères sauvages et même domestiques, faute d'études à ce sujet. Les Agences de l'ONU avait déjà repéré quelques cas chez des félins, et notamment recommandé en 2005 qu'on enferme les chats dans les zones infectées de Turquie. Plusieurs états ont imposé qu'on enferme les chats autour des zones de foyers avérés. Leur rôle potentiel dans une épidémie demande à être éclairci.

    Pourquoi s'intéresser au chat ?

    • Le chat est un commensal de l'Homme, avec lequel il entretien des contacts rapprochés.
    Si le chat s'avérait très sensible aux virus grippaux, il serait important de le savoir pour le protéger et diminuer le risque qu'il contribue à diffuser le virus de chat à chat, ou du chat à l'Homme.
    • Des cas de transmission interhumaine étant suspectés et craint pour le H5N1 ou une forme mutante ou recombinée du virus, le modèle animal pourrait être utile pour mieux comprendre l’éco-épidémiologie de ce virus ou pour mieux comprendre d’éventuels processus de transmission et diffusion de type mammifère-à-mammifère.
    • La sensibilité éventuelle du chat et plus largement des félins au H5N1 ou à d'autres virus grippaux hautement pathogènes pose des questions éco-épidémiologiques crutiale, notamment en raison de la fonction de prédateur/régulateurs des félins au sein des écosystèmes, et en raison du fait que les oiseaux, notamment malades comptent parmi leurs proies favorites, avec les micro-mammifères (dont certains, comme la souris), s'avèrent également très sensible au virus H5N1 HP (au moins en laboratoire).
    • Le chat pourrait servir de modèle pour étudier la sensibilité d'autres félins sauvages au virus. Si le chat s'avèrait très sensible à une ou plusieurs souches du H5N1 HP, il y aurait lieu de s'inquiéter et de mieux suivre les félins sauvages qui jouent en temps normal un rôle sanitaire majeur dans les écosystèmes, mais qui ont déjà souvent disparu d'une grande partie de leur aire de répartition. Or, le virus a aussi été trouvé chez des tigres et léopards thaïlandais, en zoo et chez d’autres félins dans plusieurs pays. On sait de plus que leurs homologues du monde aviaire, les rapaces sont aussi (au moins pour l'aigle, la buse et le faucon) sensibles au virus.
    • L’intérêt de l’OMS, de la FAO et de l’OIE ainsi que des scientifiques à l’égard du chat et de la grippe a été suscité en février 2004, avec deux chats trouvés morts infectés par le virus H5N1 chez un thaïlandais habitant à proximité d'un élevage touché par la grippe aviaire. (14 chats sur 15 sont morts chez lui après que l’un au moins ait eu un contact avec un poulet mort selon l’OMS).
      Dans tous les cas documentés, le chat était proche de l'homme et des volailles. Le 20 février 2004, l’OMS citait plusieurs rapports signalant « la contamination par le virus H5N1 de chats domestiques » dans un foyer thaïlandais, en précisant que les investigations en cours (en 2004) ne permettaient pas encore de tirer des conclusions définitives.
      L’OMS écrivait alors :
    • « La faculté des Sciences vétérinaires de l’Université Kasetsart (Thaïlande) a annoncé aujourd’hui la présence de l’infection à H5N1 chez 2 chats morts parmi 3 qui appartenaient à un même foyer possédant au total 15 chats. Sur les 15 félins, 14 sont morts. Le propriétaire a observé que l’un des chats avait été en contact avec des poulets morts. Le Ministère thaïlandais de la Santé publique enquête sur cet incident et surveille la santé des sujets contacts humains. La FAO a aussi envoyé des experts ».
    • « Néanmoins, les inquiétudes sont vives et des questions particulières se posent d’une part sur les risques que court l’être humain vivant en contact rapproché avec des chats infectés et, d’autre part, sur le besoin de surveiller les populations de chats ».
    • « Plusieurs études ont montré qu’un petit nombre de mammifères, porcs, phoques, baleines, visons et furets, sont sensibles à l’infection naturelle par des virus grippaux de composition génétique purement aviaire. Parmi toutes ces espèces, seul le porc est important pour la santé humaine. Les porcs peuvent être en effet simultanément infectés par des virus grippaux aviaires et humains et servir ainsi de “creuset” pour le mélange du matériel génétique avec, pour conséquence éventuelle, l’apparition d’un nouveau sous-type. La plupart des spécialistes s’accordent pour dire que les porcs ont joué un rôle dans l’apparition des virus à l’origine des pandémies de 1957 et 1968 ».


    L’auteur d'un communiqué OMS du 20 février 2004, ajoutait : « On considère néanmoins comme improbable que la confirmation de l’infection à H5N1 chez le chat augmente les risques actuels pour la santé humaine. On ne pense pas non plus qu’elle aura une influence significative sur l’évolution de l’épidémie chez l’homme ». (…) « S’il s’avérait que les chats domestiques étaient facilement infectés par le H5N1, ce que l’on pense improbable, ils ne devraient pas contribuer d’une manière significative à la présence du virus dans l’environnement ». (NDR : ce dernier avis, sans citation d’auteur et non motivé a été remis en question deux ans après, début 2006 avec la constatation de l'infection en Europe d'un chat de l'île de Rügen, au nord ouest de l'Allemange.)
    Selon l’OMS : jusqu’à 2004, on ne pensait pas les chats domestiques sensibles à l’infection naturelle par des virus grippaux. Pourtant, un bulletin OMS cite des études de 1970, 1972 et 1981 qui avaient déjà rapporté des infections expérimentales en laboratoire, mais alors sur des virus de la grippe saisonnière, faiblement pathogènes.

    • Remarques :
      • Après la confirmation de la responsabilité du H5N1 HP comme cause de la mort du chat trouvé sur l'île de Rügen en Allemagne en février 2006, de nombreux commentateurs ont affirmé qu’on ne connaissait pas de cas de grippe chez les chats auparavant, pourtant, plusieurs expériences avec d’autres virus avaient montré une infection facile de chats par 2 autres types de virus grippaux :
      • Certains animaux de zoos, en centres de soins, en terrariums ou de cirques sont nourris avec de la viande crue (poulet parfois) ou des poussins (crus et parfois vivants). Suite à la découverte de chats et de grands félins infectés par le H5N1 en Asie, le Premier ministre thaï avait déjà en 2004 demandé aux thaïlandais de ne pas nourrir d'animaux domestiques ou d'animaleries ou zoos avec des abats ou morceaux crus de volaille…

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